Je suis seule au monde mais lorsque je le dis, ou l'écris, personne ne semble
bien comprendre et atteindre le mot pour en découvrir tant sa vraie réalité que
son réel signifié.
Comme le déclare le dictionnaire, je suis sans compagnie, séparé des autres non pas momentanément mais plutôt durablement. Non accompagnée, sans partenaire, je parle, ris et pleure sans interlocuteur ou sans raison apparente. Souvent, sans pas un témoin ni autres personnes et toujours, depuis toujours, sans aide, sans assistance physique ou morale, sans avoir recours à l'humanité proche ou même, bien plus éloignée…
À l'écart de mes semblables, non associée ou mélangée, je disposerais, jouirais, profiterais donc sans jamais partager…
En conséquence, mes préoccupations seraient éloignées de celles du plus grand nombre pour me singulariser par ma position, par mes choix, par mes actes…
Et bien entendu, je n'aurais pas ou plus de famille et personne ne partagerait ma vie quotidienne…
Pourtant de beaux liens m'accordent et quelques obligations s'y attachent naturellement et m'engagent à jamais.
Car, j'ai, sans posséder, deux enfants. Deux fils qui m'ont éveillée voilà maintenant bien longtemps, simplement maman. Deux êtres que j'aime plus qu'infiniment. Libres, aujourd'hui, semblés autonomes, ils construisent doucement, lentement, leur vie. J'en suis encore, j'en resterai toujours l'ombre bienveillante…
Tout aussi, Tao est là…
Et même qu'isolée, j'évolue pourtant dans la société puisqu'un boulot très apprécié réalise belle ma petite vie et m'offre gentils collègues et autres plus détournés mais fixés partenaires…
Et puis m'accompagnent, figurent ces visages délinéés, esquissés étrangement familiers : mes acolytes complices de belles histoires. Personnages assurés et azurés, ou nés de lectures sur vrai papier non mâché, ou approchés de par cette grisante virtualité, ou encore, existés par quelques sublimes images télévisées…
Alors comment faire comprendre ce particulier isolement si ce n'est qu'en me taisant...