samedi 15 décembre 2007

Décrire et délire...

J’aimais lire, touchée et emportée de belles histoires. Sans jamais vraiment les avoir choisies pour y décoder l’écriture ou afin d’être subjuguée par son éventuelle générosité, je n’ai donc pas de réelles références à utiliser ou à donner.

Je sais peu "bien" dire, me conformer à la belle locution attachée par trop à la perception. Réduite souvent à contenir et non pas en devoir à réfléchir, j’élance spontanés embrouillés et à souvent faire rire.

Tout aussi, freinée dans l’expression à bien accomplir la pensée fusée, à l’accorder juste aux mots à dire, j’ose pourtant écrire et me laisse toujours guider premier sens, l'origine, le primaire signifié immédiat à se générer en mon esprit, et si petit, ou si peu nourri et donc sans acquis particuliers mais non plus éclairé d’un don singulier…

Seulement, je fixe le sens qui dans l’instant se fait ressentir, je pose la brume de ma pensée, m’arrête à elle seule et essaie de reproduire l’émotion qu’elle a généré. Alors le mot s’offre tout seul accompagné étrangement et toujours par sa juste résonance. Un écho qui bruirait, dessiné destinée cet autour du terme. Sans contexte, non plus troublée par l'entre lignes car l'éthéré n’est jamais aligné, ma pensée n’est pas matière organisée. L’imagine se donne image irisée, elle s’ouvre couleur et s’allie mot…

Je n’ai pas de leçons à donner, je résonne sans vraiment raisonner et sais très bien ne rien savoir. Mais lorsque j’écris, je vis puisque j’agis et surtout je me sens exister, et alors seulement…

Sans doute hors du temps, en dehors de sa dimension réalité qui s’espace d’ailleurs, j’alune alors seul instant et y prends plaisir infiniment, imaginant aussi en offrir…

Un beau leurre en somme…

J’aimais lire… en être perdue d’une absence pour découvrir la carence, le manque à emplir vie mon imaginaire… doucement, si lentement, encore maintenant, je réapprends. Aidée en cette aube le recommencement par un homme pour qui je n’ai pas le qualificatif bien défini, le mot qui s’allie vérité et par cette défaillance toute à ma tendance, je dis simplement et aime à le penser, mon ami…

Et avoir pu m’arrimer à l’ouvrage, ce tout petit, si minuscule livre à dire, m’y glisser en dedans et le vivre…

Pour s'en suivre l'étrange d'une vérité, ma destinée…

la terre c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer

L’envie de descendre

La peur de le faire

À force tu deviens fou

Fou

Il faut que tu fasses quelque chose et je l’ai fait

...

Moi qui n’avais pas été capable de descendre de ce bateau, pour me sauver moi-même, je suis descendu de ma vie. Marche après marche. Et chaque marche était un désir. À chaque pas, un désir auquel je disais adieu.

Je ne suis pas fou, mon frère. On n’est pas fou quand on trouve un système qui vous sauve.

Les désirs déchiraient mon âme. J’aurais pu les vivre, mais j’y suis pas arrivé.

Alors, je les ai ensorcelés

Et je les ai laissés l’un après l’autre derrière moi

j’ai dit adieu à la musique, ma musique, le jour où je suis arrivé à la jouer dans une seule note d’un seul instant… j’ai désenfilé la vie de mes désirs…

Alessandro Baricco